samedi 1 mars 2008

Drowning in a sea of love : part ten

Plusieurs jours passèrent sous l'emprise de l'habitude. Lever, Ecole, Guitare, Dodo. Voilà en gros ce qui composait ses journées. Des journées longues, de plus en plus harassantes pour son esprit qui se torturait un peu plus chaque jour. Il faisait jongler son téléphone dans ses mains, ne sachant quoi faire d'autre avec. Devait-il l'appeler? Devait-il ,au contraire, attendre qu'elle l'appelle? Il semblait partagé. Sa timidité lui disait d'attendre mais, en même temps, pouvait-il être sûr qu'elle le recontacterait un jour? Et si elle se disait la même chose de son côté? Après tout, elle aussi avait peut-être envie d'attendre que ce soit lui qui l'appelle. Il posa son téléphone brutalement sur la table, se disant qu'il réfléchirait à tout ça plus tard. Il en avait marre d'avoir l'esprit trituré. Il s'allongea sur son lit et écouta l'excellent "Moon Safari". La beauté de "La Femme d'Argent" lui rendit tout de suite l'esprit un peu plus serein, et il en avait besoin. 43 minutes passèrent, et les derniers accords de "Le Voyage de Pénélope" indiquaient la fin du voyage. La fin d'un très beau safari lunaire. Son lecteur de disque devint inactif indiquant la durée de l'album et son nombre de titres. Il était bien, couché sur son lit. Il se tourna vers la gauche et regarda sur son bureau. Il vit son téléphone qui semblait le regarder de façon narquoise disant : "Ah! Tu m'avais oublié un moment. Maintenant je vais de nouveau hanter tes pensées." Non pas le téléphone. Non! Le cruel dilemme de tout à l'heure lui revint en tête, un peu comme une migraine qui revient toujours au mauvais moment. Il réfléchit un instant et se dit que la meilleure solution était de lui téléphoner. Elle lui répondrait peut-être pas mais au moins il serait fixé, et son cerveau arrêterait d'être obsédé par cela. Il avait besoin d'être fixé. Il alla dans son répertoire, sélectionna Déborah et l'appela. Bip! Il retenait son souffle et se trouva un peu bête sur le moment. Il aurait du réfléchir à ce qu'il allait lui dire avant de téléphoner. C'était trop tard. Il tentait de positiver en se disant que cela était un test de sa qualité d'improvisation. Bip! Il tremblotait légèrement comme s'il jouait sa vie sur cet appel. Merde! Qu'allait-il pouvoir lui dire? Pour le moment, il en avait aucune idée. Le troisième bip ne retentit pas. Une voix féminine le remplaça :
" - Allo!
- Allo! Déborah? ", dit-il.
Il se trouva tout de suite nul. Que c'était plat ce qu'il venait de dire. Mais d'un autre côté , qu'aurait-il pu dire d'autre?
" - Oui c'est moi.
- C'est Mathias. Tu te souviens de moi? "
Oh! Pitié. Il espérait n'avoir jamais dit ça. Comme si elle allait dire :" Non , je sais plus qui t'es. Je t'ai raccompagné chez toi y a deux jours. Je me souviens plus, c'était y a trop longtemps. " Mais quelle question conne! Mais il était trop tard, il l'avait posé.
" - Bien sûr que je me souviens de toi. Ca me fait plaisir que tu m'appelles. "
Mathias resta un moment silencieux, ne sachant trop quoi dire. Pourtant, il devait lui dire quelque chose et pas un truc du genre " Bah je t'ai juste appelé comme ça pour le plaisir. Allez! A la revoyure! " . Il eut envie de l'inviter chez lui pour qu'ils fassent un peu connaissance. Certes, ça pouvait paraître dangereux d'inviter chez soi quelqu'un qu'on ne connaît que très peu mais il estima qu'elle n'avait pas l'air d'une méchante fille. Elle interrompit ses réflexions.
" - Mathias? Tu es encore au bout du fil?
- Euh oui, oui désolé. Ca te dirait de venir chez moi demain après-midi? Je pourrais te montrer ma collection de CD et on pourra faire connaissance comme ça.
- Ecoute demain après-midi je peux pas. Je vais voir mon amant à 13h et mon copain à 15h, je suis désolée."
Germain tomba des nues et lâcha un instant son téléphone qui rebondit sur son lit. Qu'est-ce qu'elle racontait? Etait-elle vraiment sérieuse? Elle avait dit ça d'un ton vraiment naturel comme si c'était normal. Elle ne tarda pas à le renseigner.
" - Hé Mathias. Je plaisantais. Désolé , si tu l'as pas mal pris. J'ai du mal à m'empêcher de faire des vannes de mauvais goût par moment.
- Euh c'est pas grave. "
Cette fille ne manquait vraiment pas d'aplomb, ni d'humour d'ailleurs. Et au fond, ça lui plaisait.
" - Donc plus sérieusement, je peux venir samedi. Faut juste que tu me donnes une heure.
- 13 heures, c'est bon?
- Oui, c'est parfait. Bon, on va pas parler des heures au téléphone sinon on aura plus rien à se dire demain. J'exagère mais là je vais devoir te laisser, j'ai rendez-vous chez le dentiste là.
- Oui, y a pas de problèmes. De toute façon , on se voit demain.
- Exact. A demain alors.
- Oui à demain. "
Elle raccrocha et lui décrocha un instant de la réalité. Il se sentait en plein rêve. Il était un pauvre homme sur lequel Cupidon avait tiré deux flèches. L'une où était écrit "Déborah" et l'autre où était marqué "Inconnue". Les deux flèches l'avaient touchées en plein coeur. C'est peut-être cela qui expliquait les moments où il rougissait et avait l'impression de manquer d'air. Il pensait à demain, espérant de tout son coeur qu'elle viendrait. Oui, elle viendrait. Une petite voix intérieure lui dit :" Tu ne peux pas être sûr qu'elle viendra". Mathias lui ordonna de fermer sa gueule. C'était une solution violente mais elle s'avéra efficace.

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